Malgré leur interdiction, les élevages extrêmes perdurent

Les aspirations humaines quant à l'apparence idéale des animaux domestiques ainsi que les critères économiques continuent à peser plus que le bien-être et la santé des animaux élevés. C'est ce que montre une enquête de la PSA réalisée auprès d'éleveurs, organisations d'éleveurs et autorités cantonales, environ un an et demi après l'entrée en vigueur de prescriptions concrètes contre les formes extrêmes de l'élevage des animaux.
Avec l'Ordonnance sur la protection des animaux dans le cadre de l'élevage, la Confédération a édicté en janvier 2015 des règles détaillées contre les formes extrêmes de l'élevage des animaux. A l'appui d'une enquête réalisée auprès des éleveurs, organisations d'éleveurs et autorités cantonales, la Protection Suisse des Animaux PSA a maintenant évalué la mise en œuvre de l'ordonnance précitée. Le taux de réponse aux questionnaires envoyés a été satisfaisant à bon chez les clubs de races de chiens et les éleveurs canins, ainsi que de la part des associations d'élevage d'animaux de rente. Par contre, les éleveurs de chats et de petits animaux ne semblent que modérément intéressés à la question de l'élevage extrême. Les organisations faîtières Fédération Féline Helvétique FFH et Petits animaux Suisse n'ont pas daigné remplir le questionnaire, et même du côté de la corporation des éleveurs, les retours ont été moins fréquents. L'évaluation de 187 questionnaires rentrés a cependant permis un premier état des lieux au sujet de l'application de l'ordonnance.

Elevages impliquant de la cruauté envers les animaux
Alors que les conséquences - importantes pour la protection animale - sont prouvées au plan scientifique et dans la pratique, la prise de conscience à propos de ce problème semble toujours faire défaut chez certains clubs de races, organisations d'éleveurs et éleveurs, comme le révèle l'enquête de la PSA. Le fait est que des animaux de compagnie continuent à naître par milliers avec des caractéristiques leur faisant subir des cruautés. S'agissant des animaux de rente, la pression économique pousse depuis des décennies vers un élevage unilatéralement axé sur la performance. La vie des animaux de compagnie et de rente issus d'un élevage extrême est souvent marquée, même sous les meilleurs des soins et une excellente détention, par des atteintes et déficits physiques, des douleurs, des maux et maladies chroniques.

Exécution difficile
La mise en œuvre et les contrôles des dispositions relatives à l'élevage des animaux exigent beaucoup de savoir-faire dans le domaine de la médecine vétérinaire et de l'éthologie pour l'évaluation d'élevages extrêmes relevant de la protection des animaux et font donc partie des tâches d'exécution les plus difficiles et les plus absorbantes de la protection des animaux. Il est donc à craindre que cette disposition légale nécessaire à la protection des animaux ne reste lettre morte.
Pour que l'ordonnance puisse être appliquée efficacement à l'avenir, la Protection Suisse des Animaux PSA propose, à titre de soutien aux organes d'exécution, la création d'un groupe d'experts qui assume les élucidations d'ordre technique et veille à une mise en œuvre uniforme à l'échelle nationale. De plus, il s'agit d'amener les organisations d'éleveurs à prendre davantage responsabilité, car ils sont compétents pour la formulation des objectifs d'élevage, tout comme pour les expositions d'animaux d'élevage et les distinctions qui y sont décernées. Et lorsque la Confédération et les cantons subventionnent des organisations d'éleveurs, des expositions et des prix décernés, ces contributions financières doivent être logiquement liées à l'obligation de respecter des objectifs d'élevage conformes à la protection des animaux.