Bien-être animal signifie «Fair Food»

La population suisse fixe des critères stricts en matière de protection animale. La centaine de millions d'animaux engraissés, transportés sur de longues distances et abattus à l'étranger pour le marché suisse n'en bénéficie guère. Quatre experts de la protection des animaux et de l’agriculture de pays voisins ont souligné au cours d'un point presse de la Protection Suisse des Animaux PSA des déficits considérables en matière de protection des animaux dans l'UE où la Suisse se procure de loin la majeure partie de la viande, des œufs et des produits laitiers qu'elle importe.
Élevage industriel, cages en batterie, transports cruels sur de longues distances, dopage aux antibiotiques des animaux, contrôles peu efficaces de protection des animaux, des experts venus d’Allemagne, de France et de Belgique ont surtout émis des critiques concernant la protection des animaux de rente dans l’Union européenne lors de la conférence de presse de la PSA à Berne. Bien sûr, il existe certainement des producteurs paysans respectueux des animaux dont les produits répondent à la demande de consommateurs sensibilisés au bien-être animal. Néanmoins, l'objectif de la politique agricole officielle n'est pas la qualité, mais une production excédentaire à bas coûts, compétitive sur les marchés mondiaux.

Souffrance animale non contrôlée
Dr Elena Nalon, experte agricole auprès de l'Eurogroupe pour la protection animale à Bruxelles, a évoqué les conditions de vie et de mort dramatiques des animaux – conséquences de la production alimentaire industrielle –, le manque de dispositions légales relatives à la protection des animaux de rente et le manque de volonté de l'Europe de les faire respecter là où elles existent. Friedrich Mülln, militant des droits des animaux de l'association SOKO Tierschutz d'Augsbourg, déplore également des déficits en matière d'application et de contrôle de la protection des animaux qui, selon lui, «ne font qu'accroître le fléau de la maltraitance des animaux et duper les consommateurs, au détriment de l'homme, de l'animal et de l'environnement». Il déclare qu'«en matière d'élevage, l'Allemagne est une république bananière». Samuel Airaud, porte-parole de «L214 Éthique & Animaux» de France, estime qu'en dehors des modifications législatives nécessaires, les consommateurs ont la responsabilité de s’informer sur les conditions de production dans une industrie qui considère et traite les animaux comme une simple marchandise. Et Martin Häusling, membre du Parlement européen (porte-parole pour l'agriculture, Verts / Alliance libre européenne), a révélé les déficits du commerce alimentaire mondial à l'aune de l'accord envisagé entre l'UE et le Mercosur. La qualité et la sécurité des denrées alimentaires commercialisées souffriraient la plupart du temps de l'absence de protection des animaux, de l'environnement et des consommateurs.

Signal de Suisse
Les experts de l'UE ont été unanimes pour plaider pour l'abandon de la production animale industrielle à bas coûts et pour la mise en place de conditions-cadres pour la protection des animaux et de l'environnement dans le commerce international des denrées alimentaires. Et ils ont bon espoir que la Suisse, grand pays importateur de produits alimentaires, puisse envoyer un signal important à l'Europe et au monde entier en s'engageant clairement en faveur de produits équitables, respectueux de l'environnement et des animaux.