Sport équestre: entre théorie et pratique

Une enquête menée pendant deux ans par la Protection Suisse des Animaux PSA le montre: les règlements et critères formulés par la Fédération Suisse des Sports Equestres FSSE pour une équitation respectueuse des chevaux ne sont que trop rarement appliqués encore dans la pratique de ces sports. De rudes manières de monter ainsi que des pratiques interdites sont toujours d’actualité et ne sont guère sanctionnées.
Il est temps que la théorie, avec ses règlements et codes d'éthique exemplaires, déploie pleinement ses effets dans la pratique des sports équestres. Il incombe à la FSSE et aux organisateurs des tournois de combler cette lacune. Aux côtés des services vétérinaires cantonaux, ces parties prenantes doivent veiller à l'application des lois et règlements existants. Le rapport PSA 2017/2018 concernant les tournois - 18 d'entre eux ont été suivis dans diverses disciplines - montre que la situation est généralement toute autre.

Directives et une loi sans exécution
Les spécialistes de la PSA ont observé diverses pratiques de monte grossières, qui sont également listées dans le catalogue de critères de la FSSE en tant que «manières incorrectes de monter - nécessitant une intervention immédiate». En font notamment partie une conduite du cheval inadaptée à la situation, un usage intensif d'éperons et de cravache, le fait de tirer sciemment et nettement les rênes vers l'arrière. En dépit de l’attitude de défense manifestée à l’évidence par le cheval, malgré le comportement fautif du cavalier - rien n'a été entrepris sur les lieux pour faire cesser ces agissements, sauf à quelques rares exceptions.

Dans le cadre de ses visites des tournois, la PSA a pu constater à plusieurs reprises sur les places d'entraînement le recours à l'hyperflexion de l'encolure (une position spécialement basse de la tête et de l'encolure, où cette dernière est mise en hyperflexion). Les douleurs et dommages occasionnés de la sorte par cette méthode d'entraînement irrespectueuse de l'animal sont considérables. Jamais les officiels présents sur place ne sont intervenus. Il convient de relever que depuis l'entrée en vigueur de l'interdiction de l'hyperflexion en 2014, aucun jugement pénal n'a été rendu, malgré de nombreuses plaintes déposées, contre cette pratique prohibée.

Lorsque des moutons noirs montent en selle
La Protection Suisse des Animaux PSA ne s'oppose pas en principe au sport équestre. Dans tous les tournois auxquels elle a assisté au cours de deux dernières années, elle a pu observer des cavalières et cavaliers qui avaient une façon exemplaire de se comporter avec des chevaux. Il est donc d'autant plus regrettable qu'à côté de ces cavaliers responsables, des «moutons noirs» n'ont cessé de se manifester, et ce sans qu'ils ne soient sanctionnés.

La PSA exige expressément des organisateurs des tournois qu'ils passent enfin de la théorie à la pratique et qu'ils sanctionnent comme il se doit les cavaliers fautifs. Ces sanctions doivent être listées dans le rapport du tournoi et figurer dans une statistique de la FSSE accessible au public. Des sanctions lacunaires ou totalement inexistantes portent atteinte aux chevaux, au sport équestre et, en fin de compte, à l’acceptation de ce sport par le public.